Ces derniers jours où l’on reste effaré – de nouveau – à la lecture des actes sexuels subis par des enfants dans les année 80, on peut (re ?)regarder Festen. 

Les tourments, sévères, qui nous sont rapportés font apparaitre, d’une part une grande communauté de sentiment entre les victimes – honte, culpabilité, mur du silence, retentissement à long terme voir ineffaçable – mais aussi une grande communauté du déni autour d’elles. Ici l’entre soi protecteur des clubs intellectuels et bourgeois – dans le sens ou la bourgeoisie ce n’est pas tant l’argent que se protéger et se hisser les uns les autres (club Le Siècle avec Olivier Duhamel), là de milieux artistiques déjà décrits dans « Le consentement » de Vanessa Springora et à l’oeuvre maintenant dans de nouvelles révélations (l’artiste Claude Leveque et ses affinités avec Matzneff).

Festen n’est rien d’autre que ça.

Après Festen qui l’a révélé, Thomas Vinterberg a réalisé « La chasse». Ce film renverse la dramaturgie en traitant d’un homme faussement accusé de relation pédophile. Il nous rappelle à quel point l’exigence de vérité seule permettra à ceux qui se lèvent courageusement pour casser le déni sociétal de mener ce combat.

Dans Festen, nous assistons à ce qui se passe quand on casse ce déni. Nous naviguons au gré d’une caméra instable dans l’intime d’une famille réunie pour l’anniversaire du père. L’innommable – pour reprendre les termes qu’on a lus cette semaine dans les journaux – est nommé. Pas dans les pages d’un journal ou dans un livre. Mais avec des mots prononcés debout, après quelques coups de fourchette sur un verre.  

Ding ding ding… les trois coups du déni sont sonnés.